Robert Fico à Moscou pour le 9 mai : «Il a trahi la Slovaquie et est devenu le premier ministre de la guerre»

La semaine dernière, alors que Paris, Londres, Berlin et Varsovie s’unissaient en fratrie solidaire autour d’une Kiev souffrante, Robert Fico précipitait Bratislava dans les bras de sa « sœur » liberticide, Moscou.
En effet, le Premier ministre slovaque a pris part aux célébrations du 80e anniversaire de la victoire de l’Armée rouge sur l’Allemagne nazie organisées par la Russie. Seuls vingt-quatre pays ont répondu à l’invitation de Moscou, dont trois pays européens. Parmi ceux-ci, la Slovaquie s’est distinguée en étant le seul État membre de l’Union européenne (UE). Elle s’est ainsi retrouvée aux côtés de dirigeants populistes comme Aleksandar Vučić (Serbie), mais également de chefs d’État à la tête de régimes autoritaires et répressifs, tels qu’Alexandre Loukachenko (Biélorussie), Nicolás Maduro (Venezuela), Min Aung Hlaing (Birmanie) et Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale). La présence de la Slovaquie à Moscou fait indéniablement tache sur la toile européenne qui se veut solidaire et unie : le pays se range du côté des régimes qui bafouent le droit international et les droits humains, tournant ainsi ostensiblement le dos à l’UE et à l’Ukraine.
La rupture avec l’UE est si profonde et le mépris diplomatique si flagrant que, deux jours avant la cérémonie du 9 mai, les trois États baltes – l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie – ont interdit à l’avion gouvernemental de Robert Fico de survoler leur territoire. Contraint d’éviter l’espace aérien balte, l’avion du premier ministre slovaque a dû emprunter un itinéraire détourné, passant par la Hongrie, la Roumanie, la mer Noire et la Géorgie. Il convient de rappeler que Robert Fico a choisi d’assister à cette cérémonie alors que les combats entre l’Ukraine et la Russie s’intensifient. À ce sujet, Hlib Fiščenko écrit : « Le cynisme de ce spectacle est évident, avec en toile de fond le théâtre détruit de Mariupol, les chambres de torture de Boutcha et les enfants ukrainiens assassinés. Au son des timbales et des marches, la Russie célèbre non pas sa victoire sur le nazisme, mais sa propre capacité à détruire une nouvelle fois ses voisins sous couvert d’une mission historique. »
Robert Fico a qualifié sa rencontre avec Vladimir Poutine de « succès diplomatique majeur », tout en critiquant une nouvelle fois la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Kaja Kallas, et soutenant l’idée de négociations directes entre la Russie et l’Ukraine sous l’égide du Kremlin.
La population slovaque et l’opposition politique sont descendues dans les rues pour dénoncer une trahison et une humiliation nationale. Le slogan « Bratislava n’est pas Moscou, la Slovaquie est l’Europe » a résonné lors d’une grande manifestation organisée le 9 mai sur la place de la Liberté à Bratislava. Des milliers de personnes s’y sont rassemblées, brandissant des pancartes « Hitler avec Tiso, Poutine avec Fico. » L’ancien diplomate Metod Špaček a résumé l’indignation ambiante en déclarant : « Robert Fico est allé à Moscou pour s’incliner devant Poutine. Il y est allé pour fraterniser avec les dictateurs du monde entier. »
De l’autre côté de l’échiquier, Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron, Friedrich Merz, Keir Starmer et Donald Tusk ont défié Poutine et ceux présents à Moscou le 9 mai, en leur imposant un ultimatum : un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours. « En cas de violations, des sanctions massives et coordonnées entre Européens et Américains seront appliquées », a averti Emmanuel Macron. Par ailleurs, vingt-sept États membres de la « coalition des volontaires » ont participé à une réunion en ligne depuis Kiev et les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays-clés européens se sont réunis le lundi 12 mai à Londres pour renforcer cette pression.
La Slovaquie est désormais solitaire, mais solidaire du plus grand belligérant du XXIe siècle au prix d’une trahison des intérêts de sa population, de ses alliés et de la démocratie. « C’est une honte pour la Slovaquie, une trahison de nos intérêts nationaux. Ce voyage à Moscou est l’un des pires moments de la politique étrangère slovaque », déclare Michal Šimečka.


« Les héros sont à Kiev, les meurtriers à Moscou »

Sources : Denník N et SME/Jozef Jakubčo

Laisser un commentaire